Marché des céréales La bataille pour écouler la récolte de blé française a commencé

Dans un contexte général défavorable, les prévisions d’export de blé tendre sont à la baisse. Les embarquements au 3 septembre font état d'un volume exporté à 1,7 Mt à destination de l'Algérie et de l'Afrique subsaharienne, a expliqué FranceAgriMer, lors de son traditionnel bilan de la moisson, mercredi 9 septembre 2015.

Les opérateurs, eux, soulignent une concurrence exacerbée pour cette campagne 2015/2016 : un manque de débouchés se ferait sentir, en raison d'une demande plus faible. Ajoutons à cela des stocks initiaux importants et des récoltes mondiales satisfaisantes. Les stocks français de report ont été de 2,5 Mt en entrée de campagne, auxquels s’ajoutent les 40,7 Mt récoltés cet été (contre 37,5 Mt l'an passé).

Dans ce contexte, l'environnement global est jugé extrêmement baissier en termes de prix. Sur la scène internationale, les opérateurs estiment un marché à l'export à 11 Mt en direction des pays tiers, et à 7,7 Mt vers l'UE. (Pour rappel, en 2014, les exportations ont été de 11,4 Mt pour les pays tiers et de 7,9 Mt pour l'UE).

« Les prix vont continuer de s'ajuster progressivement » d'après Rémi Haquin, président du Conseil spécialisé pour la filière céréalière de FranceAgriMer. Le bilan actuel « reste lourd en blé tendre partout dans le monde » poursuit Olivia Le Lamer. En France, la moyenne des cinq dernières campagnes de stock de report est chiffrée à 2,6 Mt. Le message pour les opérateurs est clair selon Olivia Le Lamer : « Il va falloir se battre pour écouler ces volumes soit sur les marchés à l'export, soit pour influer sur le niveau de prix sur le marché intérieur (fabricants d'aliments), soit pour aller gonfler le stock de report ».

Bonne dynamique chinoise pour l’orge

Concernant les orges françaises, les embarquements destinés à l'export ont représenté un volume d'1,5 Mt au 3 septembre selon FranceAgriMer, pratiquement le double de l'an passé à la même période. « La poursuite de la dynamique chinoise explique principalement ces bons chiffres » précise Olivia Le Lamer, chef de l'unité grandes cultures chez FranceAgriMer.

La production 2015 avoisine les 12,4 Mt comprenant une collecte à hauteur de 10,6 Mt et un stock de report de l'an passé à 1 Mt. Les estimations d'exportations sont respectivement de 3 Mt pour les pays de l'UE, et de 3,6 Mt concernant les pays tiers. Les stocks de report sont évalués à la hausse à 1,6 Mt pour la fin de campagne 2015-2016, en raison d'une production supérieure cette année. FranceAgriMer estime à 1 Mt la consommation d'orge à destination des fabricants d'aliments du bétail. Notons que dans le secteur de la nutrition animale, ces prévisions sont évaluées à 5,1 Mt pour le blé et à 2,9 Mt pour le maïs. L'an dernier, ce chiffre était de 4,4 Mt pour le blé. Olivia Le Lamer explique que le blé de cette nouvelle campagne sera extrêmement compétitif en termes de prix grâce à sa production record.

Le contexte est évidemment très différent en maïs. FranceAgriMer estime une récolte 2015 à 13,3 Mt (contre 17,9 Mt l'an dernier). La collecte est évaluée à 11,6 Mt avec 2,6 Mt de stocks de report (plus élevés que la moyenne). Les opérateurs envisagent des exportations à 5 Mt pour le marché européen et à 200.000 t à destination des pays tiers.

Quant au blé dur, on observe une légère augmentation de la production à 1,8 Mt (contre 1,5 Mt la précédente campagne). Toutefois, le plan blé dur mis en place n'a toujours pas permis de retrouver les niveaux de production à 2,5 Mt des années antérieures. Le marché du blé dur à l'export prévoit des ventes vers l'UE à 200.000 t et vers les pays tiers à 400.000 t. Les stocks de report sont considérés très minimes selon FranceAgriMer.